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2 février 2023

Quand bienveillance rime avec complaisance…

A ses origines, la bienveillance présente tous les définit comme une «disposition d’esprit inclinant à la compréhension et à l’indulgence envers autrui “.

Longtemps considérée comme une valeur humaine, qui plus est, cercle vertueux dans la relation interpersonnelle, la bienveillance se colore d’une dimension nouvelle dès le début du XXI siècle : le « bien-être », ce que l’on nomme aujourd’hui communément le « vivre-ensemble ». En cela, elle devient une posture, accueillante, non jugeante, ouverte à la différence.

Au même moment, le monde du travail est aux prises avec une crise sans précédent : mal être professionnel, démotivation généralisée à tous les niveaux de l’entreprise, écrasée par les processus organisationnels avec des manifestions extrêmes de la souffrance au travail.

Et voilà que la bienveillance débarque dans le management, aubaine ou remède miracle, le vocable inonde la littérature managériale. Bien plus qu’une attitude, la bienveillance devient « Le » concept phare en 2018. Ainsi soit-il… L’entreprise est sauvée !

Poussée par un fort vent mercantile, la bienveillance quitte la sphère si essentielle des qualités humaines pour rejoindre celle du marketing organisationnel !

Bref, la bienveillance devient une injonction non négociable pour quiconque prétend occuper un rôle managérial. Nec plus ultra des compétences socio-émotionnelles attendues, tout manager, digne de ce nom, doit être en mesure de démontrer cette qualité auprès de ses équipes.

Bon très bien, mais dans la pratique et la réalité opérationnelle, comment fait-on pour être bienveillant ? Plus d’excuse et privilège ultime, vous pouvez désormais opter pour une formation de haut vol en leadership bienveillant…

Pire, la “surconsommation” de bienveillance réfrène toute forme de courage managérial, qualité ô combien nécessaire et encore si peu valorisée. Le principe bienveillant se banalise et se galvaude. Pratiquée à outrance, la bienveillance finit par se confondre avec complaisance.

Pourtant, la vraie bienveillance, celle qui fait grandir, qui permet une remise en question salutaire, suppose oser confronter, entendre la divergence et recevoir l’objection. La confrontation ce n’est pas le conflit.

Finalement, la vraie bienveillance n’est-elle pas celle qui permet la contradiction pour progresser ?

Frédérique Bleyzac